Jeune, fluet, timide ou dévergondé, la crevette : objet de fantasme gay
La crevette ! Qu’est-ce ?
Selon les dicos, une crevette est au sens propre un petit crustacé marin ou une petite écrevisse de mer, dite aussi chevrette ou salicoque. En tous cas tous les dicos s’accordent à dire qu’elle est très bonne à manger. Sa chair est tendre et sa couleur rose est appétissante comme un bonbon acidulé.
Au sens figuré, une crevette est une personne assez jeune, mince, peu musclée et offrant aux regards une apparence fragile. Un nourrisson est par définition une crevette. Un garçonnet aussi. Et dans le cas qui nous intéresse, la crevette par excellence est un jeunot à peine sortie de l’adolescence, la voix fraîchement muée, élancé comme un brin d’herbe et frêle comme une jeune rose.
La crevette ! Où ?
La crevette est internationale. Elle est colorée différemment selon les continents mais elle n’a ni frontière ni patrie. On la trouve partout et on la trouve surtout à l’extérieur.
La crevette est toute jeune, elle habite encore chez ses parents. Mais la crevette veut l’émancipation. Elle veut quitter les rochers de son enfance pour le grand large, elle veut fuir. Donc la crevette s’échappe, d’abord parce qu’elle n’est encore jamais vraiment sortie seule de son milieu et ensuite parce qu’elle veut découvrir et faire sien le monde qui l’entoure.
Seulement comme elle n’a nulle part où aller, la crevette erre. Selon les continents, les régions, les villes ou les campagnes, vous pouvez en surprendre à tenir les arbres au bord d’une plage en Inde ou flemmardant, un portable à la main, sur le banc d’un parc en Europe. Attention cependant, prenez garde !
Il arrive que certaines lesbiennes aux cheveux courts fassent illusions et que par mégarde elles vous surprennent et trompent votre regard. Soyez vigilent. Attention aussi à ce que votre regard ne soit pas noyé non plus. Des bancs de crevettes sont fréquents au sortir des universités.
La crevette ! Pourquoi ?
Dans notre culture occidentale, la crevette est un crustacé savoureux qui se déguste à l’apéritif. C’est un excellent amuse bouche, il met en appétit.
Ce n’est pas vraiment manger, juste s’éveiller les papilles avant le repas. Dans la vraie vie, croiser une crevette étudiante tout juste majeure stimule la vue. Elle égaye le décors du quotidien et éveille aussi les sens. Si vous avez, ou si par malheur vous faites plus de quarante ans, la crevette ne vous calculera pas. Sa vision ne discerne pas encore toutes les formes de beautés. Vous pouvez ainsi vous retrouver, complètement par mégarde évidement, au beau milieu d’un attroupement de crevettes et vous sentir aussi vivant, visible et important qu’une chaise au milieu d’une foule.
A la rigueur vous gênez, mais pas plus. La crevette se mange en plat principal également. Là, dans la vraie vie, il faut s’accrocher. Le fantasme du professeur expérimenté qui guide sa crevette sur la voie du savoir et qui entraine l’innocente jusqu’à son lit se réalise très très très rarement. Vraiment rarement. Sauf dans le porno. Pour le coup, la crevette qui se fait son prof le plus naturellement du monde est légion, le fantasme est ancré dans l’imaginaire gay.
La crevette ! Comment ?
La crevette est naïve et elle est un peu fofolle. Ce qu’elle cherche par dessus tout, c’est du bon temps. La crevette veut s’amuser, elle est insouciante.
Mais elle est également curieuse, avide d’expériences et d’expérimentations. Allez savoir comment, mais tout à coup, au milieu des autres, une se détache parfois, s’approche de vous en toute candeur et s’intéresse. Ayant été vous même un jour une crevette, vous savez pertinemment que celle-ci n’a aucune réelle intention d’engager avec vous une relation sérieuse.
Elle veut simplement s’encanailler pour un soir, goûter un fruit plus mûr ou bien se laissée porter en espérant être emmenée, transportée plus haut, plus loin et plus fort. La crevette est sensible à l’ivresse et au défi. Le sexe lui fait briller les yeux. Il faut dire que pour une crevette, le sexe c’est nouveau. Le sexe, c’est simple, c’est facile et ça peut rapporter gros. Enfin pas autant qu’au loto. D’ailleurs, ça ne rapporte plus aussi gros que ça depuis internet. Mais c’est de l’argent facile.
Et le porno regorge de crevettes venues s’échouer sur un plateau de tournage. Reste à savoir si l’insouciante crevette se retrouve là par pur plaisir ou bien par désœuvrement, voire par besoin d’argent. Car l’état de crevette est hélas aussi imprévoyant qu’il est temporaire. S’amuser dans l’instant, c’est bien.
Se projeter dans un avenir, c’est bien aussi.
Le porno charrie son lot de crevettes ramassées par filets entiers et recrachées au large. Le sida en attrape quelques unes comme l’américain Chad Noel. Le suicide en guette d’autres comme le tchèque Léo Cooper. Heureux sont ceux qui s’en sortent et se font interviewer sur leur carrière comme le canadien Pierre Fitch. Mais qu’en est-il des prostitués thaïlandais à l’honneur dans les productions « private boy movie » ?
La crevette ! Encore
Pourtant la crevette demeure, encore et toujours, l’objet de tous les fantasmes, parfois même à son insu.
Qui peut dire que les fans de Justin Bieber ne sont que des gamines pré-pubères qui s’égosillent et qui gloussent en ricanant. Certains sont moins audibles et moins voyants mais ils sont tout aussi avides d’admirer la jeune plastique des membres de One direction dès qu’un de leurs clips passe à la télé. Pour finir, la crevette vieilli. Et oui, elle aussi.
Doucement mais sûrement, elle se retrouve supplantée par de petites nouvelles toutes fraîches et toutes volontaires pour l’aventure, pour l’appel du grand large que représente la vie. L’ancienne crevette doit alors faire sa mue. Cette transition se fait aux alentour de trente ans. Soyez très prudent là encore, certaines vieilles crevettes jusqu’au boutistes tenteront de passer pour des crevettes fraîches par tous les artifices vestimentaires, toutes les ruses comportementales voire chirurgicales pour les plus désespérées. Ne leur en voulez pas, le temps qui passe est un gros salopard. Il ne revient jamais en arrière. Pire, il rend éphémère et démodé tout ce que l’on adorait être. Ces vieilles crevettes ne sont finalement que de grandes inconsolables alors soyez indulgent.
Pour finir, une petite pensée pour Chad Noel