Disney : de Tommy Kirk à l’univers gay-friendly Marvel

 

La vie est ainsi faite que parfois, deux événements éloignés et distincts se produisant au même moment finissent par révéler, en les mettant en perspective, un tout nouvel événement. Vous me suivez ?

Je vous donne un indice précieux, ces deux événements ont un rapport avec le monde merveilleux de Mickey. Je vous explique :

 

Un couple Gay dans une production Marvel

 

« Les Éternels » est un film de super-héros de Chloé Zhao, une réalisatrice d’origine chinoise primée début 2021 au Golden Globe pour sa réalisation de « Nomadland » avec Frances McDormand.

 

« Les Eternels » est également la 26ème production de la franchise Marvel, après « Iron Man », « Hulk », « Thor », « Black Widow » ou encore « Captain America » et autres « Avengers ».

 

 

L’histoire peut paraître complexe pour tenir en haleine le spectateur durant plus de deux heures trente. Rassurez-vous, sans spoiler quoi que ce soit, je vous fait ce petit résumé vite fait : la terre est en danger, les super-héros doivent nous sauver et c’est grave urgent puisqu’ils n’ont que sept jours et qu’après, tout explose et tout le monde crève, ou quelque chose comme ça.

 

Le tout délayé sur 157 minutes, générique inclus, car le suspens commence dès le début et le danger n’attend pas. 

 

 

Tous les mots clés dignes du monde de la fantasy sont là et contribuent avec les special effects à vous envoyer bien loin dans les étoiles, au-delà du où et du maintenant. Évidement, il y est question d’extraterrestres (des aliens, donc), il y en a des Célestes et des Déviants.

 

Il y a un truc hyper important à propos de pierres d’affinité qui seraient au nombre de six. On parle gros et on voit grand, l’Univers est concerné.

 

 

On cause Galaxie, Planètes, énergies, gravité, puissance et surtout surtout d’une vie intelligente à développer, autrement plus précieuse que la vie conne, dont d’ailleurs personne ne parle jamais ! Au milieu de tout ça se trouvent de grands esprits qui sont aussi de grands guerriers et qu’on appellent « Les Éternels », en toute simplicité.

 

Des vaisseaux spatiaux, des armes aux sons improbables, des humanoïdes, le soleil, des personnages aux noms visant à faire grec, ou en tout cas mythique et olympien comme dans des vieux bouquins, et surtout, surtout surtout des références antiques autant que modernes, entre la Mésopotamie d’avant Jésus-Christ et Londres d’aujourd’hui en passant par les Conquistadors.

 

 

Le film à pour but d’envoyer du lourd, d’envoyer du rêve et du fantastique. Une réussite, si on aime ce genre de production. Une réussite signée Marvel Productions mais distribuée dans le monde entier par la firme Disney. Car la firme aux oreilles de Mickey distribue les productions Marvel depuis l’accord commercial de 2010.

 

Marvel y trouve son compte et Disney aussi, parce que, vous ne le croirez sans doute pas je pense, mais promouvoir « Spider-Man » ou « Black Panther » avec le regretté Chadwick Boseman, ça touche un tout autre public que celui de « La Reine des Neiges ». Bien-sûr, il y a des contreparties, dans ce beau contrat de distribution. Disney doit composer avec l’idée du divertissement façon Marvel.

 

Et pour « Les Éternels », au milieu des effets spéciaux et des explosions en tout genre, au détour d’un montage serré et d’une musique rythmée se trouve un bisous gay. En gros plan ! 

 

 

Le premier dans l’histoire de Marvel sur grand écran, une première pour la distribution version Disney également. C’est le premier événement dont je vous parlais plus tôt !

 

Disney se retrouve à défendre le bisou gay

À peine sorti dans le monde entier et au delà, « Les Éternels » est victime de censure dans trois pays arabes. À savoir le Quatar, le Koweït et l’Arabie Saoudite. En cause, l’inclusion du tout premier super-héros gay dans l’univers Marvel. 

 

 

 

 

 

Déprogrammé en urgence, les pays en question ont ensuite exigé demandé à ce que le montage soit revu et les scènes incriminées soient coupées. Par la suite, d’autres pays suivront, comme l’Indonésie, le Bangladesh, Barhein, la Jordanie, le Liban, l’Égypte… Autant de pays où l’enthousiasme qu’aurait dû susciter le grand amour du super-héros Phastos pour son mari Ben n’a pas vraiment pris. Tous ces pays étant hermétiques au gay-friendly.

 

C’est alors que l’inimaginable se produit. Cramponnez-vous ! Disney refusa de retoquer le film ! Le studio des Disney Princesses a campé fermement sur ses positions, et tant pis pour le pognon.

 

Enfin, fermement pendant quelques semaines. La suite verra que tout compte fait, revenu a de meilleures dispositions commerciales, le grand studio aux oreilles de Mickey reverra finalement sa copie, mais uniquement pour certains pays et uniquement pour certaines scènes. L’histoire n’est pas encore terminée mais si le film restera dans le cinéma comme le premier blockbuster avec un super-héros gay, la décision de Disney fera sûrement date, elle aussi.

 

Une date que les historiens que ça intéresse mettront sûrement en lien avec le second événement dont je vous parlais plus haut. Un événement bien plus triste, en réalité.

 

Adieu Tommy Kirk

 

À peine quelques semaines avant la sortie interplanétaire des « Éternels », l’acteur américain Tommy Kirk est décédé chez lui à 79 ans, le 28 septembre 2021. L’annonce de son décès est le second événement dont je vous parlais.

 

Je pensais naïvement qu’une telle nouvelle allait inévitablement éclipser toute l’actualité, séance tenante. Il n’en fut rien. J’ai eu beau zappé et re-zappé toutes les chaînes tv, y compris les chaînes d’info, et nada, rien ! Pas même une brève !

 

 

 

 

On fait pourtant bien tout un foin pour le décès de la première James Bond girl venue. Tommy Kirk n’était peut être pas assez « sexy little thing » aux yeux des médias. 

 

Il fut néanmoins un ado star au tournant des années 50, et au début années 60, le garçon mignonnet et souriant devint plutôt « sexy little thing » à sa manière. Pour qui sait regarder, évidement.

 

En tout cas, il était le genre de jolis cœurs aseptisés dont les posters tapissent les murs des jeune filles vierges et comme il faut. Un joli cœur au double prénoms acidulés comme du bonbon : Tommy Kirk. Pour comprendre cette popularité, il faut revenir au tout début de la carrière de l’acteur.

 

 

 

 

 

En 1955 précisément, lorsqu’à 14 ans, il est casté pour interpréter Joe Hardy, l’un des deux rôles-titres de la série « The Hardy Boys », diffusé en grandes pompes dans le très populaire « Mickey Mouse Club ». Soit une production Disney, donc. D’où le lien. Vous me suivez toujours ? La série s’avère être un franc succès. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Tommy Kirk devient une idole Disney. La série rempile immédiatement pour une nouvelle saison, suivie d’une troisième.

 

 

 

 

Dès 1959, Disney le fait monter en grade et voilà Tommy Kirk promu tête d’affiche du film « Shaggy Dog ». L’histoire improbable d’un teenager américain qui se transforme progressivement en chien après avoir lu une inscription maléfique sur une bague qu’il avait dérobé. Quiproquo, parents inquiets + crise d’ado = énorme succès chez les moins de quinze ans. Une bonne comédie familiale à la Disney et un tremplin pour une suite de films, tous sucrés comme de la guimauve et à l’intrigue légère comme du coton.

 

Et autant de succès pour Tommy Kirk qui y interprète à peu près toujours le même rôle : le gentil garçon craquant un peu fou-fou et maladroit qui vole le cœur de la jolie, juste avant le générique de fin.

 

 

 

 

« My good lucky charm », voilà comment Walt Disney appelait lui-même son chouchou préféré. Las, cette belle histoire s’arrêta nette ! Chouchou préféré fut surpris par la maman d’un adolescent de quinze alors que chouchou et son fils traficotaient ensemble, et ce qu’ils traficotaient n’avait plus rien à voir avec de la guimauve.

 

 

Menaçant de tout déballer à la presse, elle exigea que Kirk n’apparaisse plus jamais à l’écran. Ni une ni deux, Papa Disney pensa réputation et pognon, et obtempéra. Tommy Kirk est convoqué. Il apprend que son contrat avec les studios est révoqué illico. En une fraction de seconde, « My good lucky charm » est chassé comme au vaurien. Nous sommes en 1962, le jeune homme a 21 ans.

 

 

 

 

 

 

« Je considère mon adolescence comme désespérément malheureuse. Je savais que j’étais gay, mais je n’avais aucun exutoire à mes sentiments. C’était très difficile de rencontrer des gens et, à cette époque, il n’y avait pas d’endroit où aller.[…] Le mode de vie n’était pas reconnu et j’étais très, très seul. […] Quand j’avais environ 17 ou 18 ans, je me suis finalement admis que je n’allais pas changer. Je ne savais pas quelles seraient les conséquences, mais j’avais le sentiment certain que cela allait ruiner ma carrière Disney et peut-être toute ma carrière d’acteur. Que tout allait se terminer. » Tommy Kirk

 

Bien sûr, les temps changent et les mentalités évoluent. Disney itou. Malgré tout, la concomitance des deux événements interpellent. Elle révèle en creux d’abord un fait : il y a toujours eu des gays chez Disney, je le rappelle au cas où vous doutiez.

 

Ensuite un événement : Disney est toujours une usine à fric qui vend du rêve occidental et du magique qui coûte une blinde, mais comme avec le temps les acheteurs qu’elles fait rêver sont devenus Gay-friendly, alors Disney est devenu Gay-friendly. La magie n’attend pas !

 

 

 

 

One Reply to “Disney devient gay-friendly. Par choix ou pour son image ?”

  1. Malgré mon amour des années 50-60, et des joyeux, je suis passé à côté de Tommy Kirk !! … Merci pour l’info !!!

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.