Comment un coming out attendu interroge sur ceux qui l’attendaient
Garrett est enfin Gay !
Été 2018 : Karambaaaahhh ! Croyez le ou pas, voilà ce qui se dit partout en apprenant cette bonne et heureuse nouvelle qui couronne d’étoiles un été déjà bien radieux. Cette belle nouvelle qui annonce de fait la béatitude d’un avenir serein et la promesse de l’été indien. Pour ne pas vous laisser tout pantois comme ça, je vous l’annonce tout de suite, sans détour ni suspens pour que vous aussi, vous puissiez sauter de joie partout chez vous comme des cabris : Garrett Clayton vient de faire son coming out ! Pardon… les média gay et gay friendly sont plus précis : Gayrett Clayton vient EN-FIN de faire son coming out. Un coming out forcément émouvant, voire poignant, et surtout un coming out LAR-GE-MENT attendu. Attendu par qui ? Il semble que poser cette question casse l’ambiance, elle semble aussi vulgaire que saugrenue tant l’extase est unanime et obligatoire. Tant pis si vous n’aviez pas la moindre idée de qui pouvait bien être Garrett Clayton. Pour info, il ressemble à ça :
Heureusement qu’il est gay sinon il y a des gens qui n’en aurait jamais entendu parlé. Rendez-vous compte : passer à côté et vivre le reste d’une vie sans le connaître, inconscient de son ignorance. Mais coup de bol, Garrett est gay ! De là à penser que son coming out arrive à point nommé pour booster un plan de carrière en apportant un peu de piment à une image trop lisse… je vous interdis formellement de prêter quelque oreille à cette sotte idée.
Garrett Clayton et le monde selon Disney
Garrett Clayton a commencé à faire parler de lui en 2013 en interprétant le rôle de Tanner, le roi du surf, dans la comédie musicale Teen Beach Movie et dans sa suite logique, Teen Beach 2 en 2015.
Deux productions Disney bien américaines toutes pleines de chansons acidulées et de jolie filles souriantes et sautillantes. Tout y est, y compris les quelques noirs à la peau claires de rigueur pour satisfaire les quotas et quelques jaunes pour le marché asiatique. C’est la traditionnelle image carte postale d’une Amérique multiculturelle harmonieuse mais avec le cachet cul-cul pralinou Disney à chaque plan. Le ciel y est bleu comme au paradis et les couleurs sont vives et piquent les yeux. Pas de cigarettes ni de binge drinking. Le sexe se résume à des bisous. Si vous avez passé quatorze ans, vous n’êtes pas le public cible et vous pouvez enfin déculpabiliser, cela vous excuse d’avoir réussi à vivre jusqu’ici sans connaître Garrett Clayton. Ouf… !
Mais cela n’enlève rien à ma question de départ : Garrett Clayton, un coming out attendu par qui ? Une autre question demeure également en suspend ! Pourquoi connaissons-nous tous toutes les Disney Princesses quand nous nous intéressons si peu aux garçons Disney ? Pour un Garrett Clayton sorti du lot, combien de garçons Disney beaux et blancs souriant à pleines dents restés dans l’anonymat pour avoir eu le mauvais goût de ne pas être gay ?
Combien de garçons Disney scotchés dans la niaiserie d’une imagerie adolescente pour ne pas avoir eu l’élégance de prêter le flanc aux folles rumeurs d’homosexualité comme Zac Efron ? Vous me direz, on peut toujours citer Ryan Gosling et Justin Timberlake qui sont bien sortis du moule à garçons Disney sans passer par la case « rumeur d’homosexualité », quoi que… Il y a aussi Shia Laboeuf qui s’en est sorti tout seul comme un grand, avec force sex tape et apparitions à poil quasi porno suffisamment fréquentes pour détruire jusqu’à la racine l’image doucereuse du gentil garçon Disney de ses débuts. Mais 1 Ryan + 1 Justin + 1 Shia + 1 Zac, ça fait peu quand on connaît le débit soutenu de garçons éphémères moulés annuellement dans la fabrique Disney.
Le moule à garçons Disney
Jouer le garçon Disney est pourtant tout sauf une sinécure.
Peu sont élus. Il faut savoir chanter juste et il faut savoir danser en souriant et faire croire qu’on aime ça. Un garçon Disney interprète des scènes importantes où une fille lui parle et où il l’écoute en gros plan avec le plus grand sérieux. Il doit être beau, ça tombe sous le sens. Il ne peut porter que des fringues toujours bien assortis qui le rende toujours sexy. Mais il doit savoir les porter sans rouler des mécaniques, tout en exhibant de beaux abdos sous sa chemise sans en avoir l’air et sans se la péter.
Sa voix a mué mais elle reste un peu enfantine. Il n’a pas d’appareil dentaire, pas d’acné et ses cheveux sont soyeux et toujours bien coiffés. Beau comme un tableau, le garçon Disney est aussi un mec cool, fun, tranquille, drôle et à l’aise n’importe où, sans forcer. Il maîtrise toute une gestuelle masculine non virile, non bovine, et il enchaîne, tout le film durant, attitudes rigolotes et moues trop trop choux nappées de ce petit fond de maturité trop craquant qui le propulse au loin, à des milliards de millions de kilomètres de ce à quoi ressemble vraiment un véritable adolescent de quatorze ans dans la vie vraie ! Pourquoi ? Parce que le garçon Disney est un rôle de composition qui doit faire rêver, non pas l’adolescent de quatorze ans lambda, puéril et mal fringué qui cocotte le déo bon marché dans sa chambre jamais aérée, mais l’adolescente rêveuse et naïve ou sa gamine de petite sœur. Celles qui vont acheter les produits à l’effigie du héro. Celles pour qui le héro doit être trop mignon. A cute boy en anglais pourrait se traduire par un garçon trognon. Quel adolescent de quatorze ans lambda voudrait être un garçon trognon ?
Avant Garrett, il y avait Tommy
Si on peut parler de fabrication à la chaîne de garçons estampillés Disney, c’est que les rotatives Disney sont connues et rodées. Elles tournent pour produire le même type de produit (un garçon, ici en l’occurrence) avec seulement quelques variantes vestimentaires ou capillaires selon les décennies. Prenons les années soixante. 1965 par exemple. L’année de la sortie de «The Monkey’s Uncle» avec au générique The Beach Boys en costumes bleu ciel, élégants comme des communiants. Même s’ils n’avaient pas été manufacturés par Disney, ils en incarnaient la philosophie à un point tel que la production les avait engagé pour chanter la chanson du film.
Avouez que le même générique chanté par Jimi Hendrix, alors à ses débuts, aurait apporté une touche un poil différente et annoncé un film d’une tonalité bien plus relevée. Mais chez Disney, foin de tout ça. En pleine période Hippy, Disney vendait déjà des garçons de plage BCBG prêt à marié. Frankie Avalon, la grande star maison Disney de l’époque n’aurait pas détonné à chanter avec les Beach Boys. Si je vous parle des années soixante, c’est pour parler de Tommy Kirk.
Car bien avant Garrett Clayton en garçon de plage, il y eut Tommy Kirk, en garçon de plage lui aussi. Les similitudes s’arrêtent là car l’homosexualité naissante du jeune acteur ne déboucha pas du tout sur un coming out LAR-GE-MENT attendu et unanimement célébré par toute la presse gay et gay friendly. Rien de tout ça.
“Even more than MGM, Disney [in the early 1960s] was the most conservative studio in town. They were growing aware. They weren’t stupid. They could add two and two, and I think they were beginning to suspect my homosexuality. […] In 1963, Disney didn’t renew my option and let me go.” (Tommy Kirk)
« Davantage encore que la MGM, Disney [au début des années 60] était le studio le plus conservateur de la ville. Ils se rendaient bien compte. Ils n’étaient pas stupides. Ils savaient additionner un et un et je pense qu’ils commençaient à soupçonner mon homosexualité.[…] En 1963, Disney n’a pas renouvelé mon contrat et m’a laissé partir. » (Tommy Kirk)
Pour finir, Tommy Kirk sombra dans la drogue et il eut toutes les peines du monde à en sortir.
Garrett, un coming out attendu par qui ?
Reste ma question, toujours en suspend. Garrett Clayton, un coming out attendu par qui ? Sûrement pas par les adolescentes rêveuses et naïves qui ont d’ailleurs déjà grandi et ont été remplacées par de nouvelles qui ont porté leur adoration vers un autre garçon Disney, tout nouveau, tout beau. Je doute que les bars cuir et les backrooms nationaux regorgent de fans Disney, ou alors s’ils attendent Garrett Clayton, je doute que ce soit pour un simple coming out. Par ailleurs, je ne crois pas qu’il existe une communauté Gay internationale qui attendrait à l’unisson quoi que ce soit venant de qui que ce soit.
Alors, soit ce coming out était-il attendu par les média gay et gay friendly uniquement, ou bien ce coming out est-il à inscrire en lettres d’or dans le gros livre de La Grande Histoire des Garçons Disney, en attendant le prochain épisode. Celui où un garçon Disney fera son coming out DANS un film Disney. Attention, je ne me risque même pas à parler de bisou. Dernière hypothèse, le coming out de Garrett viens EN-FIN clore le suspens qui hantaient les gays midinettes fans de Disney qui ont très largement dépassé les quatorze ans. Je m’interroge encore. De là à suggérer que ces gay midinettes et les journalistes de la presse gay et gay friendly ne font qu’unes, il n’y a qu’un pas que je vous laisse volontiers franchir bien que, pour ma part, je préfère garder mes distances. En ces temps de lynchages par réseaux sociaux interposés, je ne veux pas être taxé de mauvaise.
Pour finir, une petite chanson avec Tommy Kirk. Attention, c’est sirupeux et ça colle un peu.
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mais tu as oublié qu’il a joué Brent Corrigan dans le biopic sur Brent Corrigan star porno gay
Je le savais mais je voulais écrire sur ceux qui attendaient son coming out
ok !!
j’avoue que je suis passé à côté !! … Merci pour la découverte et espérons qu’avec ce coup de pub il fasse carrière à la Zac Efron