Le quartier est tout près du centre ville et de toutes commodités. Il y a une belle place toute refaite à neuf recréant au pavé près la vieille place médiévale des tableaux de l’époque.
Tableaux qui sont tous exposés au nouveau musée de la ville qui donne sur cette même place. Autour de cette fameuse place il y a un nouveau boucher, un nouveau charcutier, un nouveau primeur, un nouveau fromager, un nouveau traiteur, un nouveau salon de thé, un nouveau bar tapas, un nouveau fleuriste et une nouvelle boutique super rigolote qui ne vend que des objets nouveaux qui ne servent à rien.
Autour de cette place, d’anciennes rues transformées en artères pavées pleines de restaurants, d’antiquaires et de vendeurs de bouquins. Tout le quartier est piéton. C’était le minimum pour que vous vous y intéressiez.
Vos voisins sont super chouettes et toujours souriants. Ils sont vos seuls voisins et ont été très prompts à vous saluer et à vous souhaiter un bon emménagement dès votre arrivée dans le tout petit immeuble d’architecte qui donne sur la belle place. Avec eux, dès le départ, pas de questions embarrassantes, pas de regard en coin ou d’allusions débiles. Ils ont tout de suite compris que vous étiez un couple gay parce qu’ils sont loin d’être sots. Deux hommes beaux comme des dieux qui débarquent dans le loft du dessus avec des meubles designs, des tableaux et des valises et des valises et des valises de fringues toutes classes, on ne la leur fait pas. Votre petit chihuahua qui court partout n’est pour eux qu’un plus dans votre grande panoplie. Ils vous ont adopté d’emblée. Avec eux, vous avez fait le tour de l’immeuble qui est mignon tout plein. Il est planté sur les ruines d’un ancien hôtel-bar-cantine pour ouvriers. Les architectes ont su éliminer toutes traces des gars de l’usine qui occupaient les lieux comme tout le quartier, place comprise, il y a encore dix ans.
Derrière, l’ancien potager qui contribuait à faire vivre les anciens propriétaires est devenu un agréable espace vert paysagé à grands frais. Le premier soir, vos voisins et vous y sirotaient un mojito glacé de bienvenue en faisant des selfies avant de croquer goulûment dans des tapas maisons fraîchement livrés au beau milieu de cet espace, confortablement assis sur une chaise en teck, à l’endroit même où il y a si peu, une vieille petite veuve surendettée et tremblotante signa à contre cœur l’accord de vente de la maison familiale.
En deux semaine, vous faites partie de leur famille. Vous avez dînez chez eux et leur avez rendu l’invitation. Au menu, bonne bouteille de vin et cuisine faite maison de qualité. Vous avez discuté quartier, voisinage, politique, économie, show biz, vie sociale et boulot. Ils ont tous les deux un super boulot qui rapporte tout plein de pognon, vous et votre compagnon aussi. Plus de doute, vous êtes bien dans un entre de soi de quartier bien bobo gauche bisous. Leurs trois enfants, puisqu’ils ont des enfants, sont tous jolis, bien élevés et parlent intelligemment. Ils sont ouverts, curieux et jamais irrespectueux. Ils n’ont que quatre, six et neuf ans. Ils sont pourtant déjà cultivés et au fait des choses de la vie. Votre homosexualité ne fait pas débat, elle ne s’explique pas, pour eux trois elle va de soi. Ils vous bisouillent chaleureusement dès qu’ils vous croisent dans la cage d’escalier. Ils vous sourient de toutes leurs dents quand ils vous parlent et la petite aurait même tendance à appeler votre copain : tonton. Ils sont adorables de vous trouver adorable et comme leurs adorables parents vous adorent, vous adorez cette adoration qui rayonne et illumine votre coin de quartier bisous bobo cool hyper sympa.
Un manque d’huile, la voisine est là. Un moment d’ennui : monte prendre un café. On se dépanne, on s’entraide, on se file des recettes. Apéro, après-midi crêpes avec les gamins, barbecue dans le jardin.
On se croise dans le quartier, on rentre ensemble. La vie est si simple quand on est entre gens de bonne compagnie. Sauf qu’un jour la voisine doit partir à l’autre bout de la ville pour un rendez vous tellement hyper important qu’elle ne peut ni le repousser, ni l’annuler, à son grand regret. Son chéri ne peut pas rester lui non plus, il a pleins d’obligations professionnelles qui l’occupent tout le temps jusqu’à très très tard. Vous voilà tous les quatre autour d’un plateau de sushis un soir de pluie et vos voisins sont mortifiés, terrorisés. Comment faire ? Qui pour garder les enfants ? Vous vous proposez spontanément et tout naturellement, d’ailleurs vous en avez un sur les genoux qui vous fait risette.
La voisine fait la moue, elle devient muette et pince ses lèvres. Vous insistez. Vous n’avez pas d’enfants mais vous savez comment c’est fait quand même. Et puis vous les connaissez ceux là. La réponse du voisin tombe tel un couperet :
– Les enfants, c’est non !
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