Pourquoi certains gays ne peuvent-ils vivre sans une bonne copine ?
Lorsque j’étais enfant je n’avais pas beaucoup de copines. Aucune, en vérité. Oh je vous vois venir, et même de très loin. Non, je n’avais rien contre les filles. Rien de rien. Je les aimais bien, bien au contraire. Seulement j’avais toujours eu beaucoup plus d’affinités avec les garçons. C’était comme ça. Et ça a toujours été mon drame.
Je trouvais toujours que les garçons étaient capables d’un humour potache bien à eux. Attention, potache sans être beauf ! Potache, comme savoir chambrer sans arrières pensées négatives ; potache comme balancer une vanne sans être persifleur. Juste pour la vanne, et le rire qui vient avec. J’aimais le côté bande de pote, les discussions concrètes et les prises de décision sans prise de tête. Je pensais que les garçons savaient être légers et directs, ils avaient toujours un côté bovin mais savaient être réfléchis quand il le fallait. Malheureusement pour moi, à l’adolescence, la plupart de ces garçons là se révélaient être hétéro, 100% hétéro. Avec les centre d’intérêts qui vont avec : les filles. Et il se trouvait là, mon drame.
Adulte, et au fait de ma sexualité, j’ai rencontré d’autres garçons. Des gays cette fois. Et je me suis vite rendu compte que mon histoire n’était pas forcément celle des autres. Certains garçons que j’ai fréquenté n’étaient jamais seuls au monde comme je pouvais parfois avoir l’impression de l’être, jamais ils n’étaient isolés dans leur bulle, solitaires dans l’impitoyabilité cruelle de la vie toute moche, jamais ! Eux avait une béquille, un soutien, presque un ange : ils avaient Leur Copine. Et souvent, à les écouter, j’avais l’impression que Elle était Tout ! Leur amie, leur confidente, leur sœur, leur mère parfois, leur complice, leur alter égo. Elle les connaissait, les aimait c’est l’évidence, les comprenait, les écoutait, les consolait, les conseillait, les accompagnait dans la ville comme dans la vie… Bref, Elle était Tout, et surtout Elle était Là, toujours Là ! D’ailleurs, si je rencontrais un garçon un soir et qu’il avait Sa copine attitrée, je faisais généralement sa connaissance dès le lendemain, sinon le jour d’après, obligatoirement. Elle Voulait me rencontrer. Me voir !
Je ne vous énumèrerais pas ici le nombre d’heures que j’ai pu passé avec un garçon qui à ce moment précis était Mon Copain… et avec Sa Copine. Tout ce dont je peux vous parler, c’est de mon incompréhension, qui était la plus totale. Des fois, la copine était jolie fille et intéressante, d’autres fois elle était vilaine et franchement bizarre. Mais toujours, elles se montraient bienveillantes et sympas à mon égard. Mon incompréhension ne s’est jamais tourné vers elle ou leur parcours de vie mais sur Mon copain du moment. Moi, pour qui sortir signifiait très souvent aller dans le milieu gay. Moi, pour qui rencontrer des gens voulais dire rencontrer des garçons. Qu’aurais-je fait d’une fille à mes côtés ? Et pour lui parler de quoi ?
Attention, tu exagères ! Me direz-vous. A t’écouter, ces garçons seraient incapables de vivre sans Leur Copine attitrée. Pourtant quand tu en as rencontré, quelques-uns de ces fameux garçons, Elles n’étaient pas Là. Ils étaient bien seuls, tout seuls. Oui, vous avez raison, c’est vrai. 100 % vrai. Et je vais même vous dire exactement dans quel contexte je les ai rencontré, ces garçons sans Leur Copine. Sur des lieux de drague tard dans la nuit ou au sauna. Car on a beau apprécier Sa Copine pour discuter, se confier, se comprendre, sortir, et s’amuser hors du milieu gay, il restera toujours un amusement auquel La Copine ne pourra donner satisfaction, belle ou vilaine.
Il y a un autre moment où je me suis rendu compte qu’ils pouvaient être seuls, bien seuls. Cest lorsque La Copine s’était trouvé Son Copain à elle. Un copain qui lui, ne voyait pas forcément l’intérêt de rencontrer le copain gay. Un copain qui lui procurait une toute autre sorte d’amusement.