Quand l’acceptation de soi devient révélation
De l’urgence vitale de se sentir “normal”
Qu’est-ce qui pousse un gay à épouser un fille quand il se sait homosexuel depuis toujours ? Si aujourd’hui la question semble un peu surannée vu les avancées de la cause gay et son acceptation dans le monde occidental, celle-ci mérite tout de même d’être posée car la cas arrive encore, quoi qu’on en pense. Darryl J Higgins est professeur à l’Université Catholique d’Australie et directeur de l’Institute of Child Protection Studies (ICPS), un centre d’excellence en recherche centré sur l’enfance et la famille. Parmi ces diverses publications sur l’hétérosexualité se trouve un rendu d’étude sur la diversité et le genre publié en 2020.
Tranquillisez vous, loin de moi l’idée de vous faire ici un long résumé de mes lectures. Disons que l’étude en question aborde dans un de ses chapitres la thématique suivante : “Vivre avec des contradictions : expériences d’hommes attirés par le même sexe dans le cadre d’un mariage hétérosexuel”. Tout un programme.
Selon Higgins, plusieurs causes incitent un homosexuel à l’hétérosexualité.
1/ Le désir d’enfant et de la “normalité” sociale
2/ Une homophobie intériorisée
3/ La bisexualité
4/ L’intolérance religieuse
5/ Une mauvaise adaptation psychologique
Une lecture intéressante s’il en est. Pourtant, ce que Higgins n’aborde pas c’est de savoir ce qui se passe lorsque l’homosexuel en question s’extrait de cette situation et décide de vivre pleinement sa sexualité. Y a t-il explosion ? Le ciel se dégage-t-il subitement comme si la foi vous trouvait sur terre ? N’étant ni chercheur, ni professeur d’université au cœur de savantes études sociologiques, je vous propose de revenir sur la carrière et surtout la vie personnelle de l’une des plus grandes stars australiennes du vingtième siècle : Peter Allen.
Sa vie avant et sa vie après, car bien que gay comme un pinçon toute sa vie, Allen a portant été marié dans ses jeunes années. Mais ça c’était avant 1976, avant “I go to Rio“, sa célèbre chanson disco carnavalesque célèbrement reprise en l’état avec adjonction de pattes d’éph, grosses godasses, futal à paillettes et veston en lamé par notre Cloclo national, époque Maritie et Gilbert Carpentier. Vous l’aurez compris, je vous invite à un flash back dans les seventies !
Peter, le flamboyant
Sans détour, partons pour une ambiance défilé du mardi gras à la brésilienne. Quelques notes de piano, suivi d’une boîte à rythme, ambiance salsa et bamba réunies et Peter Allen chantant les vibrations, la passion et tout l’imaginaire qu’il perçoit et ressent quand son baby lui sourit (when my baby smiles at me I go to Rio).
Et le moins que l’on puisse dire est que le baby en question a de supers pouvoirs puisque avec son simple sourire, Peter Allen s’envole et devient sauvage, un tigre, voire même Tarzan dans la jungle. Chaud bouillotte le baby. Pourtant Allen le répète à chaque couplet : il n’est pas de ce genre là. Du genre à se trémousser de partout, à devenir à la fois primate et primaire.
When my baby smiles at me I go to Rio
De Janeiro, my-oh-me-oh
I go wild and then I have to do the Samba
And La Bamba
Now I’m not the kind of person
With a passionate persuasion for dancin’
Or roma-ancin’
But I give in to the rhythm
And my feet follow the beatin’ of my hear-eart
J’entends déjà votre question. Mais qui donc est ce baby capable de tout ça ? La chanson n’en parle absolument pas ! D’ailleurs, elle ne mentionne à aucun moment s’il s’agit d’une femme où d’un homme. La question se pose pourtant car lorsque le disque sort en 1976, Peter Allen est un tout jeune divorcé de 32 ans.
Ce n’est pas de notoriété publique mais il file le parfait amour avec le mannequin Gregory Connell (28 ans) depuis plus de deux ans. Effectivement, Peter Allen faisait partie de ces hommes qui épousent des femmes avant de tout plaquer pour vivre pleinement sa sexualité.
Sa rencontre avec Connell n’y est sans doute pas étrangère. Maintenant, qu’en est-il de ma question à moi ? Quand on se décide à vivre sa sexualité, y a t-il explosion ? Le ciel se dégage-t-il subitement comme si la foi vous trouvait sur terre ? La chanson nous éclaire un peu :
When my baby smiles at me I go to Rio (Rio)
De Janeiro
I’m a Salsa fellow-ow
When my baby smiles at me
The sun’ll lightens you-up my li-ife
And I am free at last, what a blast
“What a blast !” Il y a bien eu explosion. Je ne suis pas dans les secrets de la création de chanson mais de là à faire le lien entre le pouvoir de ce baby chaud bouillotte et la rencontre de Gregory Connell quelques années plus tôt, il n’y a qu’un pas. Alors puisqu’on y est, n’hésitons pas et franchissons le !
Gregory Connell, le baby avec qui tout commence
Peter Allen et Gregory Connell se rencontre par l’intermédiaire d’un ami commun dans un cabaret New Yorkais en 1973, le Reno Sweeney où Peter se produisait. Le coup de foudre est immédiat. La magie du cabaret en quelque sorte. Je suppose qu’on peut, sans trop se tromper, dater l’explosion exprimée dans la chanson à ce moment là.
Et si la rencontre fut foudroyante, la nuit qui s’en suivi dut être particulièrement concluante puisqu’en moins d’un an, les deux hommes plaquent tout ! Connell quitte sa carrière de bogosse mannequin pour devenir directeur de l’éclairage et de la mise en scène ainsi que directeur de toutes les futures tournées d’Allen.
Quant à Allen, il plante sa femme, épousée sept ans plus tôt et tourne le dos sans se retourner à une vie hétérosexuelle bénie d’un mariage en grandes pompes qui avait été célébré par toute la presse people en son temps.
Désormais, ce sera l’un pour l’autre et l’autre pour l’un. Une collaboration fusionnelle qui va faire décoller la carrière d’Allen, qui somnolait jusque-là. Cette “collaboration” leur permettra d’être ensemble partout où Allen se produira, en Australie comme dans le monde entier.
Et enfin, en 1976, le duo accouche du fameux tube “I Go to Rio” où Connell chante en renfort. La présence de Connell dans tous les aspects artistiques, logistiques et domestiques de la vie et la carrière de Allen feront dire à ce dernier lors d’une interview : ” Gregory fait tout, sauf se lever et chanter !”.
Malheureusement, l’histoire ne se termine pas sur un rythme de samba. Après être tombé malade à la fin de 1982, Connell décède d’un cancer lié au sida le 11 septembre 1984, à leur domicile commun de Leucadia en Californie. Peter Allen décédera quelques années plus tard, en 1992, également d’un cancer lié au Sida.
Quand est-il de la femme qu’il a laissé derrière ?
On dit que les femmes hétérosexuelles sont souvent les premières véritables amies et confidentes dans la vie d’un homosexuel. Voire que certaines poussent l’amitié jusqu’à tomber amoureuse, minorant ou refusant carrément les différents signaux gay faibles comme forts et explicites que pourtant tout le monde voit. Cela devait très certainement être le cas de la première et unique épouse de Peter Allen qui n’était autre que Liza Minelli.
Une Liza qui aurait pourtant dû être bien sensibilisée, ayant été à bonne école. Sa propre mère, Judy Garland, avait déjà épousé en 1945 le réalisateur Vincente Minelli. Selon les biographies et même les dires de la star elle-même, elle était tombée amoureuse de sa délicate sensibilité !
Il faut dire que Judy n’était pas en la matière très clairvoyante puisque lorsque Liza lui a présenté Peter, qu’elle trouva charmant, Judy était marié à Mark Herron. Un acteur qui, quelques jours encore à peine avant les noces religieuses, était “en relation de longue durée” avec l’acteur Henry Brandon. Une longue relation fusionnelle reprise en l’état dès le lendemain de sa séparation d’avec Judy, soit à peine cinq mois d’interruption. Judy aurait découvert Herron en très fâcheuse posture.
Le genre de signal fort et explicite qui ouvre violemment et bien grands les yeux, même ceux des plus grandes amoureuses de la sensibilité masculine !
De mauvaises langues très perfides feraient même courir le bruit que Peter Allen et Mark Herron s’envoyaient en l’air ! En fait, les dates de mariage ne coïncident pas. Le scoop aurait mérité un film : la star et sa fille, toutes deux mariées à des gays qui couchent ensemble !
Dernière anecdote pour la route, Judy Garland, alors qu’elle n’était encore qu’une gamine prénommée France Gumm avait dû suivre sa famille en fuite, chassée qu’elle était par les bonnes familles et les on-dits de Grand Rapid dans le Minnesota. Frank Gumm, son père, courait un peu trop les adolescents du coin.
Pour résumer, Peter Allen aura donc eu pour épouse Liza Minelli, et comme beaux-parents, Judy Garland et Vincente Minelli, avant de tout plaquer pour Gregory Connell, baby chaud bouillotte de son état ! Le divorce se fit à l’amiable et les liens restèrent solides.
bel article, merci ! je suis né dans une ferme, en 1948, 2ème d’une famille de 8 , catholique très pratiquant, pas question de parler de sexe, encore moins d’homo-sexualité ! je n’ai pas franchi le pas, malgré quelques approches, au service militaire, ou quand je travaillais à Londres. peur, honte, ambiance critique des collègues de travail. marié à 32 ans avec une fille de 18 ans, j’ai eu du plaisir avec les femmes, mais je pensais toujours aux hommes. mes 2 fils élevés et indépendant, ma femme voulait vivre une autre vie, moi aussi. divorce à l’amiable, enfin libre, à 55 ans. j’ai fréquenté beaucoup d’hommes, surtout des jeunes. plutot actif, mais discret. je n’ai jamais parlé de ma vie intime à mes parents, pas de “coming-out”. ils sont décédés à 86 et 93 ans. j’ai connu un ami, sommes ensemble depuis 10 ans, mariés depuis 5 ans. ma nombreuse famille a bien acceptée, j’ai écrit un livre auto-biographique pour leur raconter ma vie, mes secrets ! titre = Badinguet, une vie et tant de secrets. je peux vous passer en version PDF .
Merci pour ce message. Les témoignages sont toujours intéressants à une époque où beaucoup pense que vivre sa sexualité pleinement va de soi