Je pourrais commencer par vous parler de Lilli la germanique. Poupée allemande, incarnation en plastique de l’héroïne de la BD du même nom. BD très populaire dans l’Allemagne d’après guerre. Je pourrais vous expliquer en détail que Lilli était une secrétaire qui vivait sa vie de femme moderne, qu’elle avait plein de copains et de copines méga sympas et que chacune des heures de sa vie était gorgée de fun. Oui, je pourrais… mais je sais que tout le monde s’en fout.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la création de Lilli l’allemande en 1954 inspira directement la création de Barbie l’américaine en 1959. Et qu’avec Barbie l’américaine, on rentrait dans du lourd, du grand et du gros big business à la yankee.
Machine à rêves multi remodelée au fil des ans pour correspondre au poil près aux canons occidentaux de chaque époque et répondre aux désidératas de toutes les clientèles internationales réunies, Barbie est La star qui ne se démode pas. La référence. Barbie est unique partout dans le monde. Un peu comme le Big Mac en quelque sorte… Le jouet pour filles par excellence. Pour toute petite fille, et pour tout petit garçon, futur gay qui s’ignore. D’ailleurs je pense que Barbie est peut être l’un des seuls jouets pour filles à plaire autant aux deux. Parce que les jouets pour filles… et ben ça reste surtout des jouets qui plaisent aux filles.
Oh je vous entend de loin me dire que non. Que non de non, putaiiin… ! Que les petits gays qui s’ignorent encore ont toujours aimé les jouets pour filles. Soit ! Mais laissez moi lancer ce petit quiz vite fait. Imaginez. Vous avez six ans et demi et vous êtes à la grande surface avec mémé. Vous avez été très très très gentil donc elle est obligée de céder. Vous aurez droit à votre foutue poupée puisque vous y tenez tant et que vous ne parlez plus que de ça, encore et encore, depuis l’entrée dans le magasin. Une fois au rayon jouet, vous les sentez. Elles vous appellent. Trois s’offrent à vous pour le même prix. Laquelle prenez vous ?
Et faites-pas celui qui hésite, qui réfléchi !
Je pourrais gloser des heures sur le passage du stade poupon à celui de la poupée et ce qu’il sous entend dans le développement d’une petite fille. Mais là franchement… on s’en fout des filles.
Qu’est-ce que cette Barbie a qui nous attire nous, les garçons ? D’abord elle en jette. Rien que ça suffit pour jeter Sandy et Wendy à la première poubelle venue. Ensuite elle plie ces jambes. Ça lui donne une toute autre dégaine que les moches en plastique bas de gamme qui bougent que la tête. D’ailleurs les moches en plastique sont fringuées comme des sacs, leurs accessoires font cheap. Quel gay s’abaisserait à jouer avec une poupée qui fait bonniche ? Un gay, c’est exigeant. Même à six ans. Barbie EST exigeante. Pour commencer, elle coûte plus cher. Et puis pas de fringues pour elle, elle ne porte que des créations. Barbie a une garde robe. Chère, évidement. Mais au moins on peut lui mettre tous les vêtements qu’on veut, elle sera toujours belle. Elle est svelte, mince. Indépendante et toujours dans le coup. Intelligente, ça saute au yeux. Elle n’est pas la fille qu’on voudrait être, la mannequin qu’on rêverait d’être ou la princesse imaginaire, incarnation d’une quelconque fée mondaine à la noix. Rien de tout ça. Barbie est tout simplement et tout modestement une super nana méga canon, fun, friquée mais hyper gentille ; la nana top, toujours et désespérément sexy même malgré elle… celle qu’on aurait sûrement, sûrement et très certainement été si d’aventure….
Si on tape « my first Barbie » sur internet, on se rend compte que Mattel a développé toute une gamme de Barbie premier prix. « My first Barbie » est un slogan que la marque utilise pour en appeler aux sentiments des mères qui achètent les poupées pour leurs filles. Elles seules en comprennent la signification. Les créateurs du slogan ne le disent pas, d’ailleurs sûrement n’y ont-il jamais réfléchi mais ce slogan pourrait aussi convenir à chaque petit garçon. Je sais qu’avec les années, même si beaucoup de gays se souviennent avoir joué à la poupée, peu ont gardé intact dans leur mémoire cette première et précieuse rencontre avec « My first Barbie ». J’imagine cependant que l’événement a dû marquer leurs mères. C’est assez lourd de sens pour une mère, ou un père, d’acheter à son fils sa première Barbie.
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