homosexualité

Être gay et réveiller la femme en soi

En certains gays sommeille une femme qui ne rêve que d’exister

Des souliers qui font rêver

Yanis Marshall – Spice Girls

Ça commence toujours très tôt. Trop tôt même, pour certaines mères. Un après-midi quelconque, dans la demeure familiale. Quelque part de discret. Dans une chambre, dans un recoin du couloir ou dans le garage. Vous avez quatre ans, peut être même trois pour les plus précoces. Vous savez à peine marcher. Curieux que vous étiez, vous déambuliez partout et vous êtes tombé dessus. Les escarpins de Maman. Plus ou moins beaux, plus ou moins moches, tout ça n’a pas encore d’importance.

L’escarpin qui termine une tenue

Il vous appellent. Ils ont une voix. Une voix de sirène. Ils chantent à tue-tête, ils s’égosillent même. Pourtant vous êtes le seul à les entendre, à les comprendre. Vous vous approchez, vous les touchez à peine et vous voilà déjà complices. A tâtons, vous enfilez un pied, assez rapidement le deuxième. Vous êtes un peu penché, vous vous tenez à une porte, vous risquez un pas. Puis deux. Quelques essais plus tard, vous ne titubez déjà plus. Vous avancez un peu en canard, mais vous avancez avec cette impression troublante d’apprendre à marcher pour de vrai. Marcher avec des talons trois fois trop grands. Inutile de vous dire que toute grande drag queen qui se respecte et qui maîtrise toute forme de déhanché sur talons aiguilles aussi naturellement qu’un bourrin shoote dans un ballon a forcément appris par elle-même dès son enfance la plus tendre.

Les souliers de rubis

Une drag queen comprend le pouvoir qu’apporte les souliers de rubis à Judy Garland. Toute l’histoire de Cendrillon n’aurait aucun intérêt si vous lui enlevez la pantoufle de verre retrouvée par le prince canon, riche et éperdu.

Cendrillon et sa pantoufle de verre

Cette légendaire pantoufle qui ne va qu’au petit potou tout mimi tout délicat de la plus belle et la plus douce et la plus élégante de toutes les princesses qui sommeillait sans se douter de rien sous ses habits de souillon dégueulasse. La pauvresse se révèlera in fine être la vraie reine du bal. La vraie de vraie de princesse étincelante de partout, jusqu’à ces souliers tout précieux qui finissent sa tenue si parfaite. Les souliers sont le raffinement ultime. Ils complètent la tenue de Cendrillon, ils donnent la touche clinquante à Dorothy et ils définissent une drag queen. Apprendre à marcher dans des escarpins est donc un pré-requis essentiel à tout transformiste voulant s’élancer dans la vie. Imagineriez vous une drag queen en sabots ?

Miroir, mon beau miroir…

Si votre mère vous a surpris à quatre ans faire les cent pas dans le couloir avec aux pieds ses escarpins des grandes occasions, il n’y aura plus de coming out à faire plus tard. Voilà qui sera autant de temps de gagner. Si elle est dans le déni, qu’elle ne voit en ce joli tableau qu’un poupon qui fait son pitre, l’étape suivante la marquera. Car il est un autre moment important dans la vie d’une femme de rêve qui s’éveille dans un corps pataud de garçonnet au visage fade.

Maquillage

Ce moment où, conscient que votre sournoise de mère vous planque, exprès, des trucs hyper essentiels à la vie, vous attendez le cœur serré son absence pour sonder ses placards, ses tiroirs, fouiller sa coiffeuse. Il vous la faut. Il vous la faut. Votre cœur bat la chamade, vos yeux sont des torches, vous explorer comme un mendiant à la recherche d’une pièce dans la poubelle d’une banque. Il vous la faut, cette fameuse trousse de maquillage. Ce nécessaire à maquillage dans son kit de survie. Une fois trouvée, vous déballez tout comme un affamé.

Chi Chi LaRue en pom pom girl

Des rouges à lèvres, des fards et encore des fards, et des crayons aussi, et des pinceaux… et du blush… et du mascara… et encore du blush… Vous essayez tout tel un gros goulu. Au départ, de façon pressée, maladroite et pâtissière, vous vous napper complètement le visage comme un gâteau anglais. Vous découvrez pour la première fois votre autre moi dans le miroir. Vous comprenez rapidement qu’il vous faudra améliorer votre technique. Au fil de votre apprentissage, votre autre moi vous apparaîtra peinturluré, puis clown, puis troll, puis un jour, vaguement féminin. Ce jour là, vous ne serez déjà plus le même. Vous serez vous, et vous serez quelqu’un d’autre. Le miroir et vous passeront ainsi des heures à découvrir cet autre vous et à maîtriser toutes les subtilités qui font la différence entre une belle femme élégamment maquillée et une vulgaire pute. Une belle femme superbement maquillée n’a pas appris à le faire du jour au lendemain. Il faut du temps. Tous les petits gays ne sont pas des fans de maquillage dans leur enfance, mais ceux qui le sont seront assurément capable plus tard de rivaliser avec les plus belles femmes.

Une robe, c’est obligatoire !

Pour finir, si votre mère ne voit en votre petite bouille peinturlurée façon pute qu’un petit clown qui se cherche, l’ultime étape sera alors un choc frontal. Quand on sait marcher, se maquiller…. il ne reste plus qu’à s’habiller. La première robe !

Divine – tout est dans la robe

En voilà un souvenir qu’un homme n’oublie pas. Sans être journaliste ou sociologue, le sujet mériterait sûrement une thèse ou un dossier complet, pour information, pour la postérité. Le sujet lui même appâterait le chaland : « Messieurs, racontez-nous votre première robe ». Là on verrait ainsi toutes sortes de messieurs, de tous ages et de toutes conditions expliquer leurs impressions, l’utilité qu’ils ressentent, le besoin vital parfois de s’habiller en femme. Certains seraient transformistes, d’autres drag queen quand d’autres ne seraient femme que pour certaines occasions et dans une certaine intimité. Mais tous, ou toutes, seraient d’accord. Une fois femme, elles sont autres. Mais quelle femme sont-ils ? Ah… ah ! Voilà la question. Certainement pas une ménagère de moins de cinquante ans en tout cas. Une bimbo écervelée, peut être, au début, quand on se cherche. Sûrement pas une infirmière ou une secrétaire ou un quelconque fantasme hétéro bien cliché bien lisse bien cu-cul. Encore moins une Disney Princess.

Conchita Wurst

Enfin rien ne dit que certains messieurs ne virevolte pas tard le soir dans leur salon habillés en fée, ou en Scarlett O’hara pour ceux qui ont de la place. Mais la plupart préféreront se composer eux même leur personnage. A défaut, on se réfèrera à l’aura d’une star. Mais pas la première venue. Imaginez vous une seconde une transformiste fringuée en Dora ? Aussi exploratrice soit-elle ? Non ! C’est Lady Gaga ou Madonna, au minimum.

RuPaul en grande forme

A part Marilyn, qui est intouchable, il serait préférable qu’elle ne soit pas trop belle quand même. Si en plus elle en a bavé pour y arriver, ça peut marcher mais vaudrait mieux qu’elle soit morte en beauté après en avoir bien chié. Si elle est morte jeune, c’est presque parfait. Un modèle est né. La référence étant Dalida. Elle était flamboyante, avait un fort caractère, un univers musical unique en son genre et une vie sentimentale catastrophique. Une solitude qui la mena au suicide. Depuis, on ne compte plus le nombre de transformistes, de drag queens et de sosies, officiels ou non, en qui elle a réveillé la diva qui sommeillait tranquillement.

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david jean felix

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