Les dessins de Tom of Finland sont légendaires. Ses personnages de bucherons, motards, hommes en cuirs et leurs cortèges de gros bras musculeux donneraient le vertige à n’importe quel gay, même les plus saintes nitouches. Ils véhiculent une sexualité virile mais rarement agressive. Une douceur quasi angélique dans les traits mais des carrures bodybuildés. Des regards de faons mais des mâchoires bien carrées. Le mélange subtil entre la caresse et le coup de fouet personnifié. Ils incarnent le postulat bien cliché que chaque gay, même dans ses désirs les plus inavoués est à la recherche d’un mec, un mâle, un vrai. D’ailleurs la carrière entière de Jeff Stryker repose sur ce postulat.
« You know you want it, don’t you ? ». Voilà, de mémoire, l’une des grandes « répliques » de Jeff Stryker en pleine action tandis que gémit bruyamment un blond ou un brun, penché, agenouillé, jambes en l’air ou recroquevillé devant son illustre outil, son glaive, le Graal ! Jeff Stryker était une star dans les années 80, il est devenu une icône. Combien d’entre nous ont salivé devant cet homme a la voix rauque à souhait ? Combien d’autres se sont identifié pleinement au passif qui s’offre en toute décomplexion ? Stryker est l’homophone de striker ; un attaquant ou un buteur en sport. Il vient du verbe strike ; atteindre un but, frapper ou toucher une cible. Jeff Stryker était un Top de légende comme dirait un spécialiste du porno. Pour Sigmund Freud, l’homosexualité relève d’un complexe d’œdipe avorté, d’une identification à la mère et donc d’une quête du père. Le père qui saura s’occuper de nous comme de notre mère, comme d’une femme, une femme surtout bien soumise. Jeff Stryker, comme les malabars de Tom of Finland seraient donc des pères fantasmés qui savent donner du bon et du bien, même si au départ ça fait un peu mal ?
Dans l’univers du porno, le fantasme des duos jeune – vieux fonctionne sur le même principe. Un petit jeune, forcément innocent, se retrouve dans les bras d’un homme plus âgé, et c’est évident, tellement plus expérimenté. Tous les clichés sont connus, archiconnus et ont été tournés des dizaines de fois, des Etats-Unis au Japon, d’Europe de l’est à la Thaïlande : le professeur et son élève, le coach et son jeune sportif, le boss et son apprenti, le père de famille et le copain du fiston, et cetera, et cetera…. Et maintenant je lance la devinette : selon vous, qui sera le passif dans l’histoire ? Qui va se soumettre et découvrir l’extase ? Qui va supplier avant d’en redemander ? Et qui va se finir sur l’autre avec le râle bien grave qui couronne un travail bien fait, une mission accomplie ?
Ah, l’image du mâle chez les gays. Pourquoi n’y a-t’il pas plein de thèses sur cette problématique ? De reportage grand format ou d’enquête exclusive sur le sujet à la télé ? Il y a pourtant matière. Et j’ai même pas abordé le porno SM…. C’est dire si c’est un sacré filon !
Comment la croisade homophobe d'une chanteuse conservatrice et religieuse aboutit à sa propre mise sur…
Peut-on faire un film avec Barbie sans la présence de Ken ? Un blockbuster en…
Homosexualité et musique militante dans l’Angleterre des années 80 Angleterre Thatcherienne et homosexualité Si…
Quand le coming out devient perpétuel Être homosexuel À la naissance, la société assigne automatiquement…
Quand l'acceptation de soi devient révélation De l'urgence vitale de se sentir "normal" Qu'est-ce qui…
Gene Kelly ou Fred Astaire, deux facettes de l'homo-érotisme hollywoodien ? Lorsque l'on pense aux…
Leave a Comment